La mesure de l'activité électrique du cerveau permet d'identifier 4 sous-types de SLA

07-02-2022

VERSION ABRÉGÉE

Des chercheurs ont découvert que la SLA peut être regroupée en quatre sous-types de la maladie en fonction des modifications des signaux électriques dans le cerveau.

Ces résultats peuvent être utiles pour prédire le handicap et l'espérance de vie futurs, et peuvent aider à sélectionner les patients les plus susceptibles de bénéficier de certains essais cliniques.

"Comprendre comment le réseau cérébral est perturbé dans la SLA est au cœur de nos recherches depuis 10 ans", a déclaré Bahman Nasseroleslami, PhD, chercheur principal et professeur d'analyse des signaux neuroélectriques à l'Université de Dublin, en Irlande, dans un communiqué de presse de l'université.

"Ces travaux montrent que nous sommes sur la bonne voie et que les technologies que nous avons développées pour capturer l'activité électrique du cerveau peuvent identifier des différences importantes entre différents groupes de patients", a-t-il ajouté.

L'étude, intitulée "Resting-state EEG reveals four subphenotypes of amyotrophic lateral sclerosis (‘’ L’électroencéphalographie (EEG) au repos révèle quatre sous-phénotypes de SLA‘’), a été publiée dans la revue Brain.

Les études actuelles suggèrent que la variabilité de la SLA reflète la perturbation de différents réseaux neuronaux dans le cerveau - des groupes de neurones connectés ou fonctionnellement associés. Ainsi, les outils qui mesurent l'activité électrique de ces réseaux pourraient permettre de mieux comprendre les changements fonctionnels associés aux maladies neurodégénératives comme la SLA.

Récemment, l'équipe de Nasseroleslami a montré que l'électroencéphalographie (EEG) au repos - qui mesure l'activité électrique du cerveau sans tâche ni instruction - peut saisir les réseaux moteurs et cognitifs affectés par la SLA.

L'équipe a maintenant utilisé l'EEG au repos pour déterminer si différents modèles de perturbation des réseaux neuronaux peuvent identifier des sous-groupes de patients atteints de SLA avec des résultats distincts. Si tel est le cas, cette technique peut être utilisée pour "révéler des réponses potentiellement différentes au traitement", écrivent-ils.

L'étude a porté sur 95 patients atteints de SLA qui avaient été diagnostiqués au cours des 18 derniers mois. Parmi eux, 70 avaient un début dans les membres (ce qui signifie que leurs premiers symptômes se sont manifestés dans les membres), 21 avaient un début bulbaire (les problèmes de parole ou de déglutition étaient les premiers symptômes) et quatre avaient un début respiratoire.

Par ailleurs, cinq patients étaient atteints de SLA avec démence fronto-temporale (DFT) et 11 présentaient des mutations du gène C9orf72, qui est associé à la SLA familiale.

Les données sur la gravité de la maladie ont été déterminées par les scores ALSFRS-R et ECAS ainsi que par l'inventaire comportemental de Beaumont. À des fins de comparaison, 77 témoins sains appariés pour l'âge, mais pas pour le sexe, ont également été inclus.

Les enregistrements EEG ont été réalisés dans un état de repos, les participants étant assis sur une chaise confortable et invités à se détendre tout en regardant la lettre X sur une feuille de papier placée devant eux. Les tests ont été divisés en trois sessions d'enregistrement de 2 minutes, permettant un repos entre les sessions pour s'assurer que les participants restent éveillés.

L'analyse a révélé que les patients atteints de SLA présentaient quatre agglomérats distincts de schémas d'ondes cérébrales électriques, reflétant des différences dans l'activité et la connectivité neuronales. Bien que les scores cliniques globaux ne varient pas de manière significative entre les agglomérats, les schémas EEG distincts correspondent à des profils neurodégénératifs spécifiques.

Plus précisément, les patients atteints de SLA de l’agglomérat 1 présentaient des troubles modérés des membres et des troubles verbaux légers, avec une altération de la mémoire et des fonctions exécutives, mais aucun changement dans le langage. L’agglomérat 2 était caractérisé par des altérations légères des membres et de la fluidité verbale, des troubles modérés de la mémoire et du langage, mais aucun défaut observé dans la fonction exécutive.

Les patients de l’agglomérat 3 présentaient des altérations marquées des membres, du langage et de la fluidité verbale. En revanche, les patients de l’agglomérat 4 étaient principalement caractérisés par des problèmes de fonction bulbaire (parole et déglutition), de fluidité verbale, de mémoire et de fonctions exécutives.

Dans tous les agglomérats, il n'y avait pas de déficience de la perception visuelle des relations spatiales entre les objets, tandis que tous les individus, sauf ceux de l’agglomérat 2, présentaient une légère déficience comportementale. En outre, les individus de l’agglomérat 4 ont eu la survie la plus courte (médiane d'environ trois ans), tandis que l’agglomérat 2 a eu la survie la plus longue (médiane d'environ six ans).

Bien que les agglomérats n'aient pas été associés de manière significative à des paramètres cliniques courants, l'équipe a constaté que tous les patients ayant reçu un diagnostic initial de SLA-MFP étaient inclus dans les agglomérats 3 et 4, qui comptaient des patients présentant des scores cognitifs plus défavorables. De même, l’agglomérat 4 comptait le plus grand nombre de patients positifs au test C9orf72.

Aucune différence significative n'a été constatée entre les groupes d’agglomérats en ce qui concerne la durée de la maladie, l'âge, le sexe et l'utilisation du riluzole, un traitement contre la SLA, qui pourrait avoir affecté les schémas EEG.

Aucune différence n'a également été observée dans la stadification de King, qui évalue le fardeau de la maladie selon des stades allant de 1, pour une maladie précoce, à 4, pour une maladie tardive nécessitant une assistance respiratoire et/ou alimentaire. Une analyse finale a également démontré que les données cliniques seules ne permettaient pas d'identifier ces sous-groupes d’agglomérats, contrairement aux mesures EEG.

"Nous avons montré que les agglomérats basés sur des modèles de perturbation des réseaux cérébraux sont associés à des agrégats reproductibles d'attributs cliniques et de taux de progression de la maladie, confirmant la pertinence clinique de nos résultats", écrivent les auteurs. "Cela indique que ces schémas neurophysiologiques fournissent des informations supplémentaires à celles qui sont discernées par la seule évaluation clinique."

Orla Hardiman, MD, professeur de neurologie et experte en recherche sur la SLA, a déclaré : "Il s'agit d'un ensemble de travaux très importants et passionnants. L'hétérogénéité de la SLA constitue un obstacle majeur à la mise à disposition du bon médicament pour le bon patient. Cette recherche révolutionnaire a montré qu'il est possible d'utiliser les schémas de dysfonctionnement des réseaux cérébraux pour identifier des sous-groupes de patients qui ne peuvent être distingués par un examen clinique."

"Les implications de ces travaux sont énormes, car nous disposerons de nouveaux moyens fiables pour séparer les patients en fonction de ce qui se passe réellement au sein du système nerveux dans la SLA", a-t-elle ajouté.

Traduction : Gerda Eynatten-Bové

Source : ALS News Today
 

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