Selon une étude, le microbiome intestinal subit des altérations avant l'apparition de la SLA

11-04-2022

Une étude a révélé qu'un modèle de souris de la SLA porteuse d'une mutation du gène SOD1 présentait, par rapport aux souris saines, des altérations du microbiome intestinal, suivies de déficiences motrices et de défauts du système nerveux entérique, le système nerveux autonome de l'intestin. 

Ces altérations du microbiome sont survenues au début de l'évolution de la maladie, mais se sont atténuées lorsque les souris se sont vu administrées du butyrate, une substance anti-inflammatoire naturelle produite par certaines bactéries intestinales.

Selon les chercheurs, ces résultats indiquent que les traitements ciblant le microbiome intestinal se révèleraient bénéfiques pour les personnes atteintes de SOD1-ALS.

L'étude, intitulée « Système neuromusculaire entérique aberrant et signes de dysbiose dans la sclérose latérale amyotrophique », a été publiée dans la revue Gut Microbes

De plus en plus d’éléments suggèrent que les patients atteints de SLA présentent une inflammation au niveau de l’intestin et des altérations de la composition des microbes intestinaux (le microbiome intestinal), avec des niveaux de bactéries bénéfiques réduits.

Le système digestif est contrôlé par un système nerveux autonome, le système nerveux entérique. Nous ignorons comment le SNE et le microbiome sont affectés dans la SLA, et comment ils influencent la progression de la maladie.

Des chercheurs de l’Université de l’Illinois à Chicago ont évalué les altérations du SNE et du microbiome dans un modèle de souris de la SLA porteur d'une mutation du gène SOD1. Ces souris développent des symptômes similaires à ceux des patients atteints de SLA à l’âge de 3 mois environ. Des souris normales appariées selon l'âge (type sauvage) ont été utilisées comme témoins.

Il a été procédé à une première évaluation des changements dans la mobilité intestinale des souris à l'âge de 1, 2 et 3 mois. Dès l’âge de 2 mois et « avant l'apparition de la SLA », les souris porteuses du gène SOD1-ALS présentaient un transit intestinal nettement plus long, c'est-à-dire le temps pendant lequel les aliments ingérés traversent les intestins et sont évacués sous forme de matières fécales, indiquant ainsi une mobilité intestinale plus lente. Ces souris âgées de 2 mois présentaient également une force musculaire et de préhension amoindrie.

Pour évaluer leur pertinence pour les patients, les chercheurs ont ensuite utilisé des organoïdes humains du côlon, des « mini » côlons dérivés de cellules souches qui imitent les tissus humains in vitro ou dans des expériences de laboratoire. Les organoïdes ont été manipulés pour présenter la même mutation du SOD1.

Les résultats ont révélé que les matières fécales des souris SLA favorisaient l'agrégation du gène SOD1 dans ces organoïdes, contrairement à celles des animaux témoins sains.
Ces résultats indiquent des différences dans le microbiome des souris SLA et des souris témoins, avec des changements tels qu'un renforcement significatif des bactéries intervenant dans l'inflammation (Enterohabdus Muris), ainsi que des bactéries liées à l'auto-immunité (Clostridium sp. ASF502) évidentes, selon l'étude, entre ces deux groupes d'animaux.

« Les altérations spectaculaires des bactéries chez les souris SOD1 peuvent expliquer la propension des matières fécales à accentuer l'agrégation du gène dans les colonoïdes », selon les chercheurs.

Les modifications du microbiome des souris SLA ont été corrigées par le butyrate, indiquant ainsi que l'effet bénéfique de ce produit sur la progression de la SLA dans ce modèle de souris serait lié à son influence sur le microbiome.

« Notre étude permet de mieux comprendre les fondements de la structure/fonction neuromusculaire intestinale et du microbiome dans la SLA, évoquant ainsi la possibilité d'utiliser des biomarqueurs microbiens pour le diagnostic et de manipuler le microbiome intestinal pour le traitement », concluent les chercheurs.

Traduction : Julia Cras
Source : ALS News Today

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