Sécurité et efficacité de l’administration intraveineuse à long terme d’édaravone pour le traitement de patients atteints de sclérose latérale amyotrophique

14-02-2022

Résumé

Importance : L’édaravone intraveineuse est autorisée en tant que médicament modificateur de la maladie chez les patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Cependant, les preuves de son efficacité se limitent aux effets bénéfiques à court terme observés dans l’étude MCI186-ALS19 menée auprès d’une sous-population dans laquelle l’efficacité était attendue.

Objectif : Évaluer la sécurité et l’efficacité à long terme du traitement intraveineux par édaravone chez les patients atteints de SLA dans un contexte clinique réel.

Conception, contexte et participants : Étude de cohorte multicentrique, appariée par score de propension, menée de juin 2017 à mars 2020 dans 12 centres universitaires de référence spécialisés dans la SLA et associés au réseau allemand des maladies du motoneurone (MND-NET). Sur les 1440 patients présélectionnés, 738 ont été inclus dans l’appariement par score de propension. Les analyses finales ont porté sur 324 patients atteints de SLA, dont 194 ayant commencé un traitement intraveineux par édaravone (141 ont reçu ≥4 cycles de traitement consécutifs ; 130 appariés), ainsi que 130 appariés par score de propension recevant un traitement standard. Tous les patients présentaient une SLA probable ou définie selon les critères d’El Escorial, avec un début de maladie entre décembre 2012 et avril 2019. Les sous-groupes ont été définis selon les critères d’inclusion de l’étude MCI186-ALS19 pour déterminer si les patients pouvaient être considérés comme éligibles (EFAS) ou inéligibles (non-EFAS).

Exposition : Édaravone intraveineuse combinée au riluzole ou seulement riluzole.
Principaux résultats et paramètres : Caractéristiques des patients et évaluation systématique de la sécurité des patients ayant reçu au moins une dose d’édaravone intraveineuse. L’efficacité du traitement par édaravone a été évaluée chez les patients ayant reçu au moins 4 cycles de traitement par rapport aux patients atteints de SLA appariés par score de propension ayant reçu uniquement un traitement standard. Le critère principal était la progression de la maladie, mesurée par la diminution du score sur l’échelle d’évaluation fonctionnelle révisée de la SLA (ALSFRS-R). Les critères secondaires concernaient la probabilité de survie, le délai de ventilation et la modification de la progression de la maladie avant et pendant le traitement. Afin de tenir compte du concept d’appariement, les patients recevant de l’édaravone et leurs témoins appariés correspondants ont été considérés comme des échantillons apparentés lors des analyses de l’évolution de la maladie. La stratification pour les quintiles du score de propension a été utilisée pour les analyses de probabilité de survie et de délai de ventilation.

Résultats : Au total, 194 patients ont commencé un traitement intraveineux par édaravone ; 125 (64 %) étaient des hommes et l’âge médian était de 57,5 ans (EI, 50,7-63,8 ans). Dans 30 cas (16 %), des effets indésirables potentiels ont été observés, plus particulièrement des infections aux points de perfusion et des réactions allergiques. La progression de la maladie chez les 116 patients traités par édaravone pendant une durée médiane de 13,9 mois (EI, 8,9-13,9 mois) ne différait pas de celle des 116 patients traités par un traitement standard pendant une durée médiane de 11,2 mois (EI, 6,4-20,0 mois) (points ALSFRS-R/mois, -0,91 [IC à 95 %, -0,69 à -1,07] contre -0,85 [IC à 95 %, -0,66 à -0,99] ; P = 0,37). Aucune différence significative n’a été observée dans les critères d’évaluation secondaires relatifs à la probabilité de survie, au délai de ventilation et à l’évolution de la maladie. Parallèlement, les résultats entre les patients traités par édaravone et les patients appariés ne présentaient pas de différence au sein des deux sous-groupes EFAS et non-EFAS.

Conclusions et pertinence : Cette étude de cohorte reposant sur l’appariement par score de propension a révélé que, bien que le traitement par édaravone intraveineuse à long terme chez les patients atteints de SLA soit réalisable et généralement bien toléré, il ne procure aucun avantage en termes de modification de la maladie. L’édaravone intraveineuse semble ne pas apporter un avantage cliniquement pertinent supplémentaire par rapport au traitement standard en soi.

Traduction : Emilie Poissonnier
Source : JAMA Neurol. 

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