Réflexe stapédien: un potentiel nouveau biomarqueur de faiblesse bulbaire précoce chez des patients souffrant de sclérose latérale amyotrophique

22-05-2021

Résumé

Contexte et objectif
La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie neuromusculaire progressive, caractérisée par une perte et une faiblesse des muscles bulbaires ainsi que des muscles des membres. 30% des patients présentent un début de faiblesse bulbaire, tandis que 70% d’entre eux sont confrontés à une atteinte de la colonne vertébrale, même si la plupart développent une dégradation bulbaire dans un stade plus avancé. Etant donné le manque d’un biomarqueur précoce de faiblesse bulbaire dans la SLA, nous avons choisi d’évaluer le rôle du réflexe stapédien (RS) afin de pouvoir prédire l’atteinte bulbaire préclinique dans la SLA. 

Moyens et méthodes
Nous avons recruté 36 patients souffrant de SLA. Nous les avons évalués sur base de l’échelle d’évaluation fonctionnelle révisée de la SLA au niveau du RS lors d’un total de 4 visites.
Nous avons établi la présence du RS à l’aide du ‘Acoustic Reflex Latency Test’ (ARLT), et du ‘Stapedial Reflex Decay Test’. Les patients n’ayant pas développé de symptômes bulbaires à leur quatrième visite ont continué à être suivis pour une période allant jusqu’à 15 mois. Les données ont été analysées au moyen du ‘Mann-Whitney U test’, du ‘Friedman test’ et du ‘Cox Regression Analysis’.

Résultats
Nous avons observé que le déclenchement du réflexe acoustique à 500 et 1000 Hz est le premier paramètre d’altération du RS chez tous les patients souffrant de SLA avant le développement de la dégradation bulbaire. Vingt-huit patients ont développé une faiblesse bulbaire au cours de cette étude. Nous avons mis en lumière une corrélation entre le taux de progression de la maladie et la vitesse d’altération du RS ainsi que la vitesse de dégradation bulbaire depuis le début de la maladie. Quatre patients n’ayant pas développé de dégradation bulbaire présentaient un taux de progression plus bas que les autres (p < 0.05). 

Discussion et conclusions:
Cette étude montre que le ‘Stapedial Reflex Test’ pourrait être un instrument adéquat pour détecter la faiblesse bulbaire dans la SLA. De plus, il pourrait représenter un biomarqueur simple, non invasif et utile de la progression de la maladie.

Traduction: Vicky Roels
Source: Audiology and Neurotology

 

Quelques éclaircissements

QU’EST-CE QUE LES RÉFLEXES STAPÉDIENS?
Dans notre oreille moyenne se situe le plus petit muscle du corps humain, à savoir le muscle stapédien ou musculus stapedius, qui se contracte en cas de bruits forts. Cette contraction se fait entièrement par réflexe pour nous protéger d’un traumatisme sonore (perte d’audition suite à une exposition à des bruits forts). Vu que la contraction par réflexe est trop lente pour compenser les bruits forts et que l’assourdissement est de 20 dB au maximum, la protection est plutôt relative. La contraction du muscle stapédien dépend de la fréquence du stimulus et se manifeste chez les personnes normalement entendantes généralement à partir de 80 dB HL. Le ton de stimulus le plus bas permettant de mesurer un réflexe est appelé le seuil de réflexe. Le mesurage de seuils de réflexe stapédien constitue un test objectif étant donné qu’il se fait sans collaboration active du patient.
Source: neus-keel-oor.be
 

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