Cells4health selon le Centre SLA Pays-Bas

04-12-2005

Cells4health (2)

Cells4health est une organisation qui propose des thérapies à base de cellules souches pour diverses maladies telles que l’arthrose, les infarctus du myocarde, les lésions transversales et les embolies. Au moins deux patients SLA ont jusqu’à présent été traités par cells4health. Reste à voir évidemment en quoi ce traitement consiste réellement et s’il produira des effets.

Qu’est-ce qu’une cellule souche?

Les cellules souches sont de nature présentes dans le corps humain, comme par exemple dans la moelle épinière où se forment les globules rouges. On peut également emprunter des cellules souches aux tissus embryonnaires (provenant d’un embryon suite par exemple à une fausse-couche ou un avortement) et au sang du cordon ombilical. Les cellules souches sont des cellules qui sont capables de se transformer en toutes sortes de cellules pour e.a. le foie, les reins, la peau mais aussi en cellules nerveuses. La différenciation des cellules souches dépend des stimuli qu’elle reçoit et de l’environnement dans lequel elle se retrouve. La façon dont elles doivent être stimulées pour se transformer en cellules d’un type particulier est à l’heure actuelle encore très mal connue.

Les recherches effectuées en matière de cellules souches sont nombreuses et d’une importance capitale pour le traitement futur de différentes pathologies neurologiques. Dans le cas de la SLA, nous devons nous limiter à ce qui est connu au niveau des capacités des cellules souches dans le système nerveux. On connaît déjà bien le rôle qu’elles peuvent jouer dans le traitement de la leucémie (forme de cancer du sang), des troubles immunitaires et des infarctus parce que les cellules qui sont à l’origine de ces affections-là, à savoir les cellules sanguines et cardiaques, sont plus faciles à développer à partir de cellules souches que les cellules nerveuses dont le fonctionnement est relativement compliqué.

Double objectif

Les recherches en matière de traitement de la SLA avec des cellules souches ont en fait un double objectif: 1) remplacer les cellules nerveuses motrices et le reste du système moteur, et 2) protéger les cellules nerveuses motrices malades. Le premier objectif est en ce moment loin d’être atteint, mais le second semble s’approcher à grands pas. Les observations ont à ce niveau-là révélé que la dégénérescence des cellules nerveuses motrices se déroule selon une sorte de processus "non-cell autonomous". Bien que le mécanisme de la mort cellulaire ne soit pas encore entièrement connu, il est de toute façon clair que l’interaction avec les cellules situées à proximité des cellules nerveuses motrices est déterminante pour la vitesse à laquelle intervient la mort cellulaire. Si les cellules nerveuses motrices malades sont entourées de cellules saines, la dégénérescence de la cellule est nettement plus lente. Cette constatation pourrait être utilisée à plus ou moins court terme sur les cellules souches des personnes atteintes de SLA. On ne sait toutefois pas encore avec certitude de quelles cellules souches il faut se servir, ni comment celles-ci doivent par la suite être implantées.

Pourquoi ne se sert-on pas encore à grande échelle de cellules souches pour la SLA?

Les Dr. L. Mazzini, F. Fagioli (Italie) et leurs collègues ont effectué une petite étude au sujet de l’applicabilité et de l’éventuelle efficacité de cellules souches autologues (déjà présentes) chez les patients atteints de SLA. Ils ont isolé par ponction chez 8 patients des cellules souches de la moelle épinière de ceux-ci. Un neurochirurgien a ensuite effectué une opération dorsale en tentant d’injecter les cellules souches dans la moelle épinière. Bien que cette technique soit nettement meilleure que celle appliquée par exemple en Chine où elle consiste à injecter les cellules souches via de petits trous dans le crâne, ce type de traitement n’a pas produit d’effet sur l’évolution pathologique de personnes atteintes de SLA. Il n’a pas permis non plus de mesurer un éventuel ralentissement de la dégénérescence des cellules malades, à cause également du fait qu’il n’y avait pas de groupe témoin.

Il faudra de toute façon encore trouver des réponses à de nombreuses autres questions fondamentales avant que l’application justifiée des cellules souches sur les patients SLA ne devienne réalité:

- quelles cellules souches faut-il utiliser: les cellules souches embryonnaires, les cellules souches autologues de la moelle épinière ou les cellules souches endogènes qui “sommeillent” déjà dans le système nerveux central? De nombreuses recherches seront par exemple encore nécessaires pour déterminer non seulement comment les cellules souches peuvent se transformer en cellules nerveuses motrices, mais également pour pouvoir manipuler celles-ci afin qu’elles puissent sécréter des facteurs protecteurs.

- où faut-il injecter ces cellules, avec quelle fréquence et en quelles quantités?

- ces cellules sont-elles en mesure de franchir la barrière sang-cerveau?

- les cellules souches survivent-elles après leur implantation? Avec les techniques d’implantation actuelles le risque de mort instantanée de ces cellules est énorme.

- quelle intervention exclut le risque d’endommager encore plus la moelle épinière du patient?

Que fait Cells4health?

Le Dr. C. Kleinbloesem de cells4health a réagi à une demande de complément d’informations exprimée par le Centre SLA des Pays-Bas. Le traitement qui est proposé consiste à extraire de la crête pelvienne une partie de la moelle épinière du patient, à isoler ensuite les cellules souches et à les multiplier en laboratoire. Les cellules souches autologues sont injectées environ 1 semaine plus tard par ponction lombaire et par ponction sanguine dans la moelle épinière et dans le sang.

Est-ce un traitement approprié?

L’injection de cellules souches dans le circuit sanguin est une thérapie insensée en cas de maladie neurologique, car ces cellules ne peuvent en aucun cas atteindre le système nerveux via le circuit sanguin. Le système nerveux est en effet protégé contre pratiquement tout ce qui se trouve dans le sang grâce à ce qu’on appelle la barrière sang-cerveau. Et il est également improbable que des cellules provenant de la moelle épinière et injectées dans le liquide céphalo-rachidien puissent survivre, se transformer en cellules nerveuses motrices ou en d’autres cellules capables de protéger des cellules nerveuses malades.

Ces remarques sont e.a. basées sur un traitement comparable appliqué à des souris. On a rendu aux souris qui ont subi une transplantation génerale de la moelle épinière (opération à haut risque pouvant provoquer des infections graves si elle est pratiquée sur l’être humain) des cellules sources mais on n’a enregistré qu’un effet minimal et même inférieur à celui du riluzole. Le traitement de cells4health ne fait que rendre des cellules de la moelle osseuse (sans transplantation de celle-ci), ce qui réduit encore plus la probabilité de quelque effet que ce soit.

Le Centre SLA des Pays-Bas est d’avis qu’il est immoral de proposer à des patients atteints d’une maladie aussi grave que la SLA un traitement (extrêmement) coûteux dont les effets (également secondaires) n’ont pas encore été prouvés. L’utilité de tout nouveau traitement doit d’ailleurs être prouvé conformément aux conventions internationales. Aussi longtemps que cela n’a pas été fait, on ne peut pas demander de l’argent ou en gagner dur le dos de personnes atteintes d’une maladie grave. Présenter le traitement de cette façon est trompeur et n’aboutira jamais à un traitement amélioré et accessible à tous les patients.

Beaucoup de personnes prétendent que “si cela n’aide pas, cela ne fait pas non plus de tort”, mais ceci n’est pas toujours le cas quand il s’agit d’une thérapie avec des cellules sources. Les thérapies expérimentales à base de cellules sources ont déjà provoqué la mort de certains malades ou en ont fait sombrer d’autres dans le coma. Elles peuvent également être à l’origine de complications telles que le risque accru de trombose (jambes, embolie pulmonaire) ou de problèmes respiratoires aigus qui nécessitent une ventilation artificielle.

Nous tenons à souligner que le Centre SLA des Pays-Bas souhaite la poursuite de recherches scientifiques qui peuvent aboutir à de meilleurs traitements à base e.a. de cellules souches pour les malades de la SLA. Nous espérons que ce que nous venons de dire permettra aux patients de décider en meilleure connaissance de cause de l’utilité de suivre ou non le traitement proposé par Cells4health.

Source: ALS-Centrum Nederland

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