La pleine conscience en tant que facteur de protection

18-02-2016

La pleine conscience en tant que facteur de protection dans la charge du personnel soignant les patients atteints de la sclérose latérale amyotrophique

Objectifs
Le personnel soignant les patients atteints de troubles chroniques graves, telle que la sclérose latérale amyotrophique (SLA), risquent de développer une dépression et de l’anxiété et se voir réduire leur qualité de vie. Peu d’études ont examiné les facteurs de protection dans cette population et aucune étude n’a investigué le rôle de la pleine conscience. L’étude avait pour but d’examiner la relation entre la pleine conscience et les résultats en matière de santé dans une population de personnes soignant les personnes atteintes de SLA.

Méthodes
Nous avons mené une enquête en ligne avec le personnel soignant les patients SLA que nous avons répétée après 4 mois afin d’évaluer la pleine conscience, la charge, la qualité de vie, l’anxiété et la dépression. Les associations entre la pleine conscience et les autres résultats ont été évaluées à la fois transversalement et longitudinalement.

Résultats
La pleine conscience était en corrélation négative avec la charge, la dépression et l’anxiété et positive avec la qualité de vie et le maintien de la stabilité à travers le temps.

Conclusion
Nos résultats ont montré que la pleine conscience est positivement reliée à la qualité de vie et négativement au niveau de la charge. Elle peut constituer un facteur préventif à l’égard des effets négatifs des soins.

 

Traduction : Brigitte Vanden Cruyce

Source : PubMed

Qu’est-ce que la pleine conscience?

La pleine conscience implique maintenir une conscience à chaque instant de nos pensées, de nos sentiments, de nos sensations corporelles et de l’environnement.

La pleine conscience implique également l’acceptation, ce qui signifie que nous prêtons attention à nos pensées et sentiments sans les juger—sans croire, par exemple, qu’il y a une « bonne » ou une « mauvaise » méthode de penser ou de ressentir à un moment donné. Lorsque nous pratiquons la pleine conscience, nos pensées se mettent à l’écoute de ce que nous ressentons au moment présent plutôt que ressasser le passé ou imaginer l’avenir.

Bien qu’elle ait ses racines dans la méditation bouddhiste, une pratique laïque de la pleine conscience a fait son entrée dans le courant principal américain ces dernières années, en partie à travers le travail de Jon Kabat-Zinn et son programme Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR) qu’il a lancé à l’University of Massachusetts Medical School en 1979. Depuis lors, des milliers d’études ont documenté les avantages de santé physique et mentale de la pleine conscience en général et de la MBSR en particulier, inspirant d’innombrables programmes à adapter le modèle MBSR pour les écoles, prisons, hôpitaux, centres pour vétérans et au-delà.

Pourquoi pratiquer la pleine conscience?

Des études ont montré que la pratique de la pleine conscience, même pour quelques semaines, peut apporter une diversité de bienfaits physiques, psychologiques et sociaux. Ci-après quelques-uns de ces bienfaits qui s’étendent à travers de nombreux environnements différents.

- La pleine conscience est bénéfique pour notre corps: une étude importante a montré qu’après seulement huit semaines d’entraînement, la pratique de la méditation pleine conscience stimule la capacité de notre système immunitaire à combattre la maladie.
- La pleine conscience est bénéfique pour notre cerveau: plusieurs études ont montré que la pleine conscience amplifie les émotions positives tout en réduisant les émotions négatives et le stress. En effet, une étude suggère qu’elle peut avoir les mêmes résultats que les antidépresseurs dans la lutte contre la dépression et empêcher la rechute.
- La pleine conscience change notre cerveau: des recherches ont démontré qu’elle accroît la densité de matière grise dans les régions du cerveau liées à l’apprentissage, la mémoire, la maîtrise de l’émotion et l’empathie.
- La pleine conscience nous aide à nous concentrer: des études suggèrent que la pleine conscience nous aide à ignorer les distractions et à améliorer notre mémoire et notre capacité d’attention.
- La pleine conscience encourage la compassion et l’altruisme: la recherche suggère que la pratique de la pleine conscience nous incite à aider des personnes dans le besoin et augmente l’activité dans les réseaux neuronaux impliqués dans la compréhension de la souffrance des autres et à maîtriser les émotions. Les preuves suggèrent qu’elle peut en outre stimuler l’auto-compassion.
- La pleine conscience renforce les relations: la recherche suggère que la pratique de la pleine conscience donne aux couples plus de satisfaction quant à leur relation, rend les partenaires plus optimistes et détendus et plus ouverts à accepter l’autre et à se rapprocher de lui.
- La pleine conscience est bénéfique pour les parents et les futurs parents: des études suggèrent qu’elle peut réduire l’anxiété liée à la grossesse, le stress et la dépression chez les futurs parents. Les parents pratiquant la pleine conscience se disent être plus contents de leurs aptitudes parentales et de la relation avec leurs enfants et ces derniers semblent faire preuve de meilleures aptitudes sociales.
- La pleine conscience aide les écoles: des données scientifiques indiquent qu’enseigner la pleine conscience en classe réduit les problèmes comportementaux et l’agression parmi les étudiants et améliore leurs niveaux de bonheur et la capacité d’attention. Les professeurs formés dans la pratique de la pleine conscience présentent également une pression artérielle moins élevée, ressentent moins d’émotions négatives et de symptômes de dépression, et font preuve d’une plus grande compassion et empathie.
- La pleine conscience aide les professionnels des soins de santé à gérer le stress, à se connecter avec leurs patients et à améliorer leur qualité de vie en général. De même, elle aide les professionnels de la santé mentale en réduisant les émotions négatives et l’anxiété, ainsi qu’en augmentant leurs émotions positives et leurs sentiments d’auto-compassion.
- La pleine conscience aide les prisons: les preuves suggèrent que la pleine conscience réduit la colère, l’hostilité et les troubles de l’humeur parmi les prisonniers en les rendant plus conscients de leurs pensées et émotions et en les aidant dans leur réhabilitation et réintégration.
- La pleine conscience aide les vétérans: des études suggèrent qu’elle peut réduire les symptômes de troubles de stress post-traumatique (PTSD) après la guerre.
- La pleine conscience combat l’obésité: la pratique de « manger en étant à l’écoute » encourage des habitudes alimentaires plus saines, aide les personnes à perdre du poids et les stimule à savourer la nourriture qu’ils mangent.

Comment cultiver la pleine conscience?

Jon Kabat-Zinn souligne que bien que la pleine conscience puisse être cultivée à travers la méditation pure, il y a d’autres manières. « Il ne s’agit pas d’adopter la posture du lotus, feignant d’être une statue dans un musée britannique, » déclare-t-il. « Il s’agit de vivre sa vie comme si c’était vraiment important, et ce à chaque instant. »

Voici quelques éléments clés de la pratique de la pleine conscience identifiés par Kabat-Zinn et autres:

- Concentrez-vous sur votre respiration, en particulier lorsque vous ressentez des émotions intenses.
- Remarquez—remarquez vraiment—ce que vous ressentez à un moment donné, les images, les sons et les odeurs qui d’habitude passent sans atteindre votre conscience.
- Reconnaissez que vos pensées et émotions sont éphémères et ne vous caractérisent pas, un sentiment qui peut vous libérer des pensées négatives.
- Soyez à l’écoute des sensations physiques de votre corps, allant de l’eau touchant votre peau sous la douche à la façon dont votre corps est installé sur votre chaise de bureau.

Afin de développer ces aptitudes dans la vie de tous les jours, vous pouvez essayer les exercices présentés dans le programme MBSR de Kabat-Zinn et ailleurs:

- Le scan corporel qui vous invite à concentrer votre attention sur votre corps, allant des orteils jusqu’à la base de la tête, essayant de prendre conscience et d’accepter ce que vous ressentez dans ces parties du corps, sans contrôler ou changer ces sensations.

L’exercice du raisin qui consiste à utiliser lentement tous vos sens, l’un après l’autre, pour observer un raisin de façon détaillée, de la façon dont vous le sentez dans votre main à la manière dont son goût explose sur votre langue. Cet exercice doit vous aider à vous concentrer sur le moment présent et peut être effectué avec différents aliments.

La méditation de marche, où vous vous concentrez sur les mouvements de votre corps à chaque pas, vos pieds touchant et quittant le sol—une activité journalière que nous considérons habituellement comme allant de soi. Cet exercice est souvent pratiqué en faisant des allers et retours le long d’un chemin de 10 pas de long, bien que ceci puisse se pratiquer sur n’importe quel chemin.

La méditation affection-gentillesse que Christine Carter du GGSC explique, implique des sentiments de compassion prolongés envers les gens, à commencer par soi-même puis s’ouvrant vers un proche, puis vers une connaissance, ensuite vers quelqu’un qui vous mène la vie dure et finalement vers tous les êtres humains, partout.

 

Traduction : Brigitte Vanden Cruyce

Source : Greater Good

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