Biogen et Cytokinetics ont présenté des mises à jour sur 2 nouveaux essais cliniques concernant la SLA

27-05-2016

Au cours de la session du « Drug Company Working Group » lors de la réunion annuelle du « American Academy of Neurology » à Vancouver, au Canada, un chercheur éminent de Cytokinetics a donné une mise à jour sur une nouvelle étude « Phase 3 » en tant que traitement potentiel de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) avec tirasemtiv. Biogen a, quant à eux, parlé d'un nouveau essai afin d’évaluer des méthodes de mesure chez les patients SLA.

Le directeur scientifique de Origent Data Sciences a également présenté une méthode d’intelligence artificielle pour prédire la progression de la SLA, qui pourrait un jour remplacer les groupes de contrôle placebo dans ces essais, ceci selon un communiqué du « ALS Association » présenté pendant la session.

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Tirasemtiv, un troponine activateur des muscles squelettiques, a été étudié par Cytokinetics comme traitement potentiel des personnes atteintes de la SLA et d'autres conditions débilitantes associées à une faiblesse musculaire et la fatigue, ou à un dysfonctionnement neuromusculaire. VITALITY-ALS (Ventilatory Investigation of Tirasemtiv and Assessment of Longitudinal Indices After Treatment for a Year-ALS), commencé en juillet 2015, est une étude de 48 semaines de Phase 3 en double aveugle, randomisée, contrôlée par placebo, en parallèle afin d’évaluer la sécurité, la tolérance et l'efficacité de tirasemtiv chez les patients SLA. Son résultat principal est le changement de la ligne de base à la semaine 24 du pourcentage de capacité vitale lente (Slow Vital Capacity - SVC) prédite, une mesure de la fonction respiratoire.

Selon Jinsy Andrews, MD, directeur de la recherche clinique et chef de développement de « Neuromuscular Therapeutics » à Cytokinetics, tirasemtiv semble prometteur pour le traitement symptomatique de la SLA. L’essai expérimental prévoit terminer le recrutement des patients  cette année, et se déroule aux centres SLA à travers les États-Unis et le Canada, et dans des sites en France, en Espagne, au R.U., en Irlande et aux Pays-Bas. Il comprend une période initiale de « run-in » de deux semaines, puisqu’on a démontré que des effets précoces indésirables (la fatigue, des vertiges et des nausées) réduisent la tolérance au médicament, bien que ces effets diminuent au cours du temps.

VITALITY-ALS suit l’étude BENEFIT-ALS, une étude de 12 semaines dans laquelle, par rapport à un placebo, un traitement tirasemtiv a conduit à une amélioration des scores de SVC. L’étude est en train de recruter des participants ; plus d'information est disponible à travers le site web de clintrials.gov (NCT02496767).

Dr D. Elizabeth McNeil, de Biogen, a résumé un nouveau essai clinique que la société vient de commencer dans le but d’évaluer des méthodes de mesure, liés à la progression de la SLA. L’étude, nommée « Méthodologie d’étude de nouveaux critères de jugement pour évaluer la progression de la SLA », permettra de comparer les mesures des résultats vis-à-vis le «gold standard», c.a.d. le « ALS Functional Rating Scale (ALSFRS) », afin de trouver des mesures fiables, mais plus faciles à administrer, qui pourraient démontrer rapidement une tendance de changement. « Le ALSFRS n'a pas été développé pour une utilisation régulière dans des essais de phase II », a déclaré le Dr McNeil. Des études de phase II sont plus petites et plus courtes que celles de la phase III, requise pour l'approbation des médicaments. L’ALSFRS manque de précision dans un laps de temps assez court, dit-elle.

Les méthodes de mesure à évaluer comprennent des tests musculaires d'électrophysiologie ainsi que des évaluations de la fonction respiratoire, la force musculaire et l'imagerie de la moelle épinière. « Notre objectif est de trouver les indicateurs qui changeront de façon significative après un court laps de temps, et de trouver ceux-ci qui ont la plus grande valeur prédicative », a déclaré le Dr McNeil.

L’essai de Biogen (NCT02611674), qui recrute également à l’heure actuelle, a l'intention d'inclure 200 patients SLA partout aux États-Unis, au Canada et en Europe. Les patients éligibles doivent se situer dans les deux ans qui suivent leur diagnostic de SLA, et avoir une Capacité Vitale Forcée (c.a.d. le volume d'air total que l'on peut faire sortir des poumons par la bouche au cours d'une expiration forcée) (Forced Vital Capacity - CVF) d'au moins 50 pour cent de la valeur prédite.

« Notre espoir est d'utiliser ensuite la ou les mesures les plus sensibles en phase II des essais à venir », a déclaré le Dr McNeil ; y compris l'étude, financée par Biogen, des antisens contre le gène SOD1, qui est actuellement en cours.

Des prédicateurs précis de survie et de fonctionnement sont essentielles pour les essais, ainsi que pour les patients atteints de SLA. Pour le patient, ils jouent un rôle important à savoir ce qui leur attend. Pour les essais, les prédicateurs précis permettent la stratification des groupes de patients par le taux de progression de la maladie, de sorte que le traitement peut être testé séparément dans des groupes avec une progression rapide ou lente comparable afin de diminuer le «biais (bruit statistique)» des mesures cliniques et d'aider de démontrer clairement le « signal » d’un avantage de traitement.

Origent Data Sciences, est un spin-off récent de la société d'analyse marketing Sentrana, et a en 2012 remporté le Prix de Prédiction du « Prize4Life ALS Prediction Challenge ». Parmi les 1.073 équipes de cette compétition, Sentrana a pris la première place pour son modèle de progression de la maladie et a été distinguée pour son succès à prédire des patients individuels. En plus de la modélisation de deux critères principaux communs dans les examens de la SLA, le ALSFRS et le ALSFRS-R, Origent a également développé des modèles de progression qui mettent l'accent sur des symptômes cibles de la maladie, tels que les fonctions bulbaires, respiratoires, et des membres.

Des algorithmes ont été créés basées sur l’intelligence artificielle, le Dr David Ennist, directeur scientifique d’ Origent Data Sciences, a déclaré lors de la session. «Les outils ne sont pas vraiment ciblés pour essayer de comprendre la nature. Au lieu de cela, nous laissons nos algorithmes trouver le nœud éventuel entre la mesure et le résultat» par essais et erreurs, le raffinement et la répétition. En évaluant les différentes possibilités, les algorithmes indiquent en fin de compte celui qui prédit le résultat actuel à partir des variables cliniques initiales, comme la fonction respiratoire et le score ALSFRS.

Les algorithmes pourraient être utilisés dans des essais qui visent à créer des «contrôles virtuels», qui pourraient remplacer la nécessité d'un groupe placebo. Dans cette approche, l'information clinique des patients recevant un traitement serait utilisé pour développer des prédictions sur la façon dont chacun d’entre eux progresserait sans traitement, et subséquemment les résultats réels seraient comparés aux résultats projetés pour déterminer le bénéfice du traitement.

Origent est actuellement en discussion avec l’US Food and Drug Administration concernant l'utilisation des algorithmes développés dans des essais cliniques. La société envisage également d'évaluer leur pouvoir prédictif dans l’étude VITALITY-ALS.

« Nous vivons un moment d’espoir dans le développement de la thérapie de la SLA », a déclaré Barbara Newhouse, présidente de l'Association de la SLA, adressant la parole au Drug Company Working Group. « Les efforts mis en évidence accélèreront le progrès dans les essais cliniques et apporteront de nouveaux traitements pour les personnes ayant la SLA. »

 

Traduction : Walter

Source : ALS News Today

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